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LE MONDE DU BALLON & RÉNOVATION & REMISE EN SERVICE
21 octobre 2022

1914-1918 🏐

14-18 : les poilus dĂ©couvrent le foot 
Les poilus ignorent presque tout du football en 1914. De retour du front quatre ans plus tard, ils sont accros au ballon rond. Et le virus va vite gagner l’Hexagone.
Le 30 juin 1916, veille du premier jour de la bataille de la Somme. Les troupes anglaises se prĂ©parent Ă  attaquer les lignes allemandes. Les soldats du 8e bataillon du East Surrey Regiment sont terrorisĂ©s. C’est leur baptĂȘme du feu. Alors leur capitaine, Wilfred Percy Nevill, trouve une idĂ©e pour apaiser leurs angoisses : il fait distribuer des ballonsdans chacune de ses sections. Et il assĂšne le mĂȘme objectif Ă  tous ses hommes : « Jouer au football dans les tranchĂ©es allemandes, dĂšs demain ! »

Le lendemain, 7 h 30, au coup de sifflet, les soldats galvanisĂ©s partent Ă  l’assaut, fusil en main
 et balle au pied ! Ils se passent le ballon en plein no man’s land et foncent en direction des lignes ennemies. La plupart pĂ©rissent, fauchĂ©s par les mitrailleuses. « Tuer des Anglais ce 1er juillet, c’était comme couper du blĂ© », raconte un Allemand dans ses lettres. Ce fut la pire journĂ©e de l’histoire militaire britannique. Quelque 20 000 soldats de Sa MajestĂ© sont morts en 24 heures, dont le capitaine Nevill. Mais le panache de cette « attaque-ballon » des Britanniques impressionne leurs alliĂ©s. L’épisode du « glorieux ballon » est saluĂ© dans la presse française et il incite les gĂ©nĂ©raux français Ă  s’intĂ©resser au football, notamment pour l’entretien physique des soldats. « Dans cette guerre, l’homme se rouille trĂšs vite [
]. Mais dans certaines unitĂ©s, on pratique le football. Les chefs y assistent et y trouvent un intĂ©rĂȘt Ă©norme pour l’endurance de leurs hommes », Ă©crit le sous-lieutenant Decoin dans son carnet de bord.

Avant la guerre, peu de Français jouent au football. Le sport roi, c’est la gymnastique. A l’école, on la pratique tout en se perfectionnant au tir. « Il faut mettre partout, Ă  cĂŽtĂ© de l’instituteur, le gymnaste et le militaire, afin que nos enfants soient aptes Ă  tenir une Ă©pĂ©e et manier un fusil Â», proclame LĂ©on Gambetta, en juin 1871. L’objectif est simple : former des citoyens-soldats capables de venger la France dĂ©faite par l’Allemagne en 1870. A l’inverse, en Angleterre, depuis la fin du XIXe siĂšcle, le ballon rond est une institution. A l’armĂ©e, il est intimement liĂ© Ă  la culture de guerre. « Le football est encouragĂ© en Grande-Bretagne pour sa capacitĂ© Ă  dĂ©velopper le courage, le coup d’Ɠil et la fraternitĂ© au sein des unitĂ©s combattantes. Il assure le confort physique et moral des soldats et facilite la relation officier-soldat », explique Arnaud Waquet, enseignant-chercheur Ă  l’universitĂ© Lille-2, auteur de la thĂšse Football en guerre : l’acculturation sportive de la population française pendant la Grande Guerre (1914-1919).

Le football : une passion anglaise

Le football est si populaire outre-Manche que le ministĂšre de la Guerre britannique va recruter des soldats directement sur les terrains ! En 1914, Ă  Accrington, une ville industrielle du nord de l’Angleterre, le jeune James Snailham se porte volontaire pour aller au front. Au mĂ©decin qui lui demande la raison de son engagement, il rĂ©pond : « Mes amis s’engagent et moi, je joue au football avec eux tous les samedis, il faut que je parte aussi. » Ainsi le jeu traversa la Manche. En dĂ©cembre 1914, le 18e bataillon de service du Middlesex Regiment comporte 1 350 soldats. Et tous sont des footballeurs, professionnels ou amateurs.


DĂšs leur arrivĂ©e, les « 
tommies »(surnom des soldats britanniques) ont besoin de jouer. Ils font pression sur leurs officiers pour qu’ils organisent des rencontres. Des dĂ©lĂ©guĂ©s sportifs ont pour tĂąche de planifier des matches. « Les soldats anglais, dĂšs que la guerre leur laisse quelques minutes de rĂ©pit, se reposent en jouant au football », Ă©crit l’hebdomadaire Sporting. Au dĂ©but, leur Ă©quipement est rudimentaire : « Pour placer les buts et dĂ©finir le champ, quatre branches d’arbre firent des poteaux parfaits ; des tuniques et des casquettes marquĂšrent la ligne et les coins », explique un soldat anglais au journal L’Auto (15/12/1914). Et pour distinguer les Ă©quipes, « les « quartiers gĂ©nĂ©raux » conservĂšrent leur tunique, les hommes de « la colonne » jouĂšrent en bras de chemise ». Mais cela ne les empĂȘche pas de jouer partout, Ă  chaque occasion. « Un jour d’automne 1915, Ă  Villers-sur-Somme, un tournoi a rassemblĂ© les Ă©quipes de seize sections du bataillon, se souvient le soldat Clarence W.H. Jarman. La journĂ©e entiĂšre fut dĂ©volue Ă  la compĂ©tition et Ă  la fin, l’équipe victorieuse remporta un gallon de biĂšre. »


Les tommies jouent tellement qu’il faut construire plus de terrains. Les gĂ©nĂ©raux anglais dĂ©cident alors d’en installer un dans chaque cantonnement. De Calais au Havre en passant par Abbeville, la pratique s’étend, au grand dam des agriculteurs locaux qui voient leurs pĂąturages piĂ©tinĂ©s par les fous du ballon rond.

>> À lire aussi : Le football en dix dates clĂ©s

Des rÚgles adaptées à la guerre

Une rĂšgle est spĂ©cifique Ă  ces tournois en temps de guerre : les matches sont courts. Pas question de jouer quatre-vingt-dix minutes comme aujourd’hui. En 1915, lors d’un tournoi, « les matches durent deux fois vingt minutes », prĂ©cise le journal rĂ©gimentaire Fall In. Il ne faut pas que les Allemands repĂšrent les lieux de rencontres et les pilonnent. « Il n’était pas rare que les matches soient interrompus du fait d’un ordre de dĂ©part en premiĂšre ligne ou de l’arrivĂ©e d’un obus sur le terrain de jeu. Au lieu de stopper leur pratique, ils adaptent les rĂšgles du jeu Ă  la conjoncture des combats », souligne Arnaud Waquet.

A force de pratique quasi quotidienne cĂŽtĂ© britannique, le virus se transmet aux soldats français. « Le football [
] sĂ©vit en ce moment chez les poilus. Des Ă©quipes se sont formĂ©es et, dans chaque section, c’est Ă  qui rentrera le plus de buts », peut-on lire dans le journal des tranchĂ©es Le Gafouilleur. Dans son carnet, en septembre 1916, le soldat Edouard Mattlinger Ă©crit : « Cet aprĂšs-midi, je suis allĂ© Ă  un match de football organisĂ© par le 132e et le 106e. Le 132e a gagnĂ© par 3 buts Ă  1. » En plus d’entretenir l’endurance physique des soldats, il prĂ©serve leur moral. Une bonne partie fait oublier – l’espace d’un instant – l’effroi de la mort, du sang, des poux, des rats ou des Ă©clats d’obus


>> À lire aussi : Pourquoi le football se joue Ă  11 ?

En 1917, le football va dĂ©finitivement entrer dans les mƓurs françaises. Cela fait trois ans dĂ©jĂ  que les soldats subissent l’enfer des tranchĂ©es. LassĂ©s des offensives meurtriĂšres lancĂ©es pour gagner un bout de colline, de nombreux poilus se mutinent. Pour calmer les esprits, Philippe PĂ©tain, tout nouveau gĂ©nĂ©ral en chef, prend des mesures. Le football rĂ©pond « psychologiquement et physiologiquement aux besoins de ces hommes soumis Ă  tant d’épreuves et dont la santĂ© morale exige qu’ils puissent oublier les visions douloureuses du drame auquel ils assistent », assure-t-il. DĂšs lors, « les officiers procurent aux jeunes soldats toutes facilitĂ©s pour pratiquer ». Le 24 septembre 1917, le ministĂšre de la Guerre fait l’acquisition de « 4 000 Ă  5 000 ballons » afin de les distribuer sur le front. La semaine suivante, des officiers d’état-major et l’Union des sociĂ©tĂ©s françaises de sports athlĂ©tiques se rĂ©unissent pour un congrĂšs sportif militaire. Des rencontres inter-rĂ©giments et interalliĂ©es sont organisĂ©es. Les roulements en premiĂšre ligne sont accĂ©lĂ©rĂ©s. Des championnats sportifs militaires sont mis en place. La vague du foot dĂ©ferle sur l’armĂ©e française. Chacun des huit millions de soldats mobilisĂ©s se familiarise avec ce sport jusqu’ici peu pratiquĂ© dans l’Hexagone. On crĂ©e la premiĂšre compĂ©tition nationale : la Coupe de France. Le 7 octobre 1917, les premiers matches sont disputĂ©s. Quarante-huit Ă©quipes venues de toute la France y participent. On invite mĂȘme deux clubs anglais, le British Aviation FC et le London County SC. En mai 1918, plus de 2 000 spectateurs se ruent au stade de la LĂ©gion Saint-Michel, Ă  Paris, pour assister Ă  la finale entre l’Olympique Pantin et le FC Lyon (victoire de Pantin 3 Ă  0). AprĂšs les soldats, le public est Ă  son tour conquis.







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